Bâtir des ponts entre les francophones et les anglophones du Québec
Commissariat aux langues officielles et Environics
UNE ÉTUDE DE CAS DE Derek Leebosh & Philippe Marchand
Introduction
Le Commissariat aux langues officielles (le Commissariat) valorise la dualité linguistique du Canada et protège les droits des communautés de langue officielle en situation minoritaire au pays. Au cours des dernières années, les communautés d’expression anglaise du Québec (CEAQ) se sont retrouvées dans l’actualité et les débats publics. Même si les données indiquent que nombre d’anglophones parlent français et interagissent avec la culture francophone, des mythes et des idées erronées persistent. Désireux de tirer parti d’une recherche antérieure réussie avec notre équipe sur les questions relatives aux langues officielles, le Commissariat s’est tourné vers Environics Research pour explorer et comprendre davantage les perceptions et les réalités des CEAQ. La présente étude de cas décrit la méthodologie, les résultats et les retombées de ce projet, qui visait à orienter les communications stratégiques et les recommandations de politiques du Commissariat aux langues officielles. Les résultats révèlent que les francophones et les anglophones du Québec semblent s’entendre beaucoup mieux sur le plan individuel que ce que laissent souvent entendre les commentaires dans le discours politique et les médias.
Contexte
Les anglophones du Québec jouent un rôle important dans le tissu social de la province. Toutefois, des mythes et des idées erronées sur leur isolement linguistique et culturel persistent, même si beaucoup sont bilingues et s’intéressent activement à la culture francophone. Ces idées erronées alimentent l’inquiétude des francophones quant à l’avenir du français à long terme au Québec. S’appuyant sur des observations antérieures, le Commissariat souhaitait faire la lumière sur ces perceptions et explorer le rôle potentiel des anglophones du Québec dans la promotion du français au Québec et au Canada. Cette étude a donné l’occasion de réconcilier les perceptions et les réalités, en apportant un éclairage sur la relation entre les anglophones du Québec et la langue française, tout en aidant à brosser un tableau plus précis, et donc plus constructif, de leur situation socioéconomique, de leurs réalités linguistiques et de leur intérêt pour la culture francophone.
Objectifs
Afin d’orienter ses initiatives continues de rapprochement interculturel, le Commissariat voulait mieux connaître la relation des anglophones avec le français et la culture francophone au Québec. Parallèlement, il voulait explorer comment ces réalités décrites par des anglophones se comparent aux perceptions des francophones sur la façon dont les anglophones évoluent dans la vie linguistique au Québec. Ce projet de recherche visait à atteindre les objectifs suivants :
01
Explorer les perceptions des francophones du Québec à l’endroit des anglophones de leur province, et plus précisément à l’endroit de leur capacité et de leur volonté de parler français et de s’intéresser à la culture francophone. Le Commissariat cherchait notamment à évaluer la prédominance de certains mythes concernant le manque d’intérêt des anglophones pour la langue et la culture francophone.
02
Orienter et actualiser les messages, les communications stratégiques et les recommandations de politiques du Commissariat. Ce dernier avait émis l’hypothèse que les attitudes de la population québécoise offraient l’occasion de favoriser un discours plus inclusif sur l’apport des anglophones au bilinguisme de même qu’à la promotion du français au Québec et dans l’ensemble du Canada. L’un des objectifs de recherche consistait à vérifier cette hypothèse.
03
Aider à orienter et à nuancer les points de vue de certains leaders d’opinion et de certaines populations cibles au sujet des anglophones du Québec, en s’appuyant sur les résultats d’études antérieures.
Méthodologie
01 Recherche préliminaire :
Au cours de la première phase du projet, le Commissariat a mené une étude comprenant l’analyse des données du dernier recensement ainsi que des résultats de sondages antérieurs, dans le but de déterminer la véracité de mythes présumés à l’endroit des CEAQ sur les thèmes de l’égalité socioéconomique, de l’avenir du français et de la cohésion sociale. Ces renseignements ont contribué à l’élaboration du guide de discussion du volet qualitatif de l’étude ainsi que le sondage du volet quantitatif, de sorte que les éléments clés soient traités en profondeur.
02 Collecte de données qualitatives :
En décembre 2023, Environics a mené six séances de discussion en ligne, dont les participants étaient répartis selon leur langue de préférence (entre quatre groupes de francophones et deux groupes d’anglophones) et leur région (Grand Montréal/Gatineau et le reste du Québec). Environics a préparé les groupes de discussion en étroite collaboration avec l’équipe de recherche du Commissariat, qui a assisté aux entretiens à des fins d’observation et de consultation entre les séances. Les discussions portaient sur les attitudes générales à l’endroit des anglophones, les réflexions sur les interactions personnelles et les perceptions du bilinguisme. Les participants étaient d’âges, de niveaux d’études et d’origines ethniques différents, ce qui a permis de recueillir des données qualitatives très riches. Les groupes de discussion ont fait ressortir des thèmes clés et ont orienté l’élaboration du sondage quantitatif.
03 Collecte de données quantitatives :
En janvier 2024, Environics a réalisé un sondage téléphonique à échantillon probabiliste aléatoire auprès de 1 005 adultes résidant au Québec, dont 885 francophones et 120 anglophones. En étroite collaboration avec l’équipe de recherche du Commissariat, Environics a élaboré ce sondage qui visait à consulter un échantillon représentatif de la population en se concentrant sur les perceptions relatives aux taux de bilinguisme, à l’intérêt pour la culture de langue française et aux attitudes envers la dualité linguistique. Le but était de comprendre comment les francophones percevaient les habitudes et les tendances linguistiques et culturelles des anglophones, ainsi que la façon dont chaque groupe linguistique considérait ses interactions avec l’autre. Les résultats ont constitué une base solide pour des recommandations de politiques et ont fait ressortir les domaines dans lesquels la compréhension interculturelle pourrait être améliorée.
Solutions/Application des résultats
Relever les mythes, les idées erronées et les inquiétudes :
La recherche a permis de relever plusieurs mythes persistants, tels que l’idée erronée voulant que la plupart des anglophones du Québec ne parlent pas français ou ne s’intéressent pas à la culture francophone. Les données recueillies durant la recherche préliminaire ont révélé que nombre d’anglophones étaient bilingues et utilisaient régulièrement le français dans leur vie quotidienne. Les phases qualitative et quantitative de l’étude qui ont suivi ont confirmé ces résultats, contredisant l’idée selon laquelle les anglophones ne s’intéressaient pas à la langue et à la culture française. La recherche a également démontré que les anglophones et les francophones étaient favorables au bilinguisme, mais que les seconds craignaient particulièrement de voir le français disparaître.
Aider à nuancer les messages :
Les résultats ont aidé le Commissariat à élaborer des messages plus nuancés soulignant l’apport des anglophones du Québec au paysage bilingue du Canada. En faisant ressortir les interactions personnelles positives et le niveau élevé de bilinguisme chez les anglophones, le Commissariat peut contribuer à mieux aborder les mythes persistants ainsi qu’à les dissiper. Cette démarche permet d’élaborer des stratégies de communication plus efficaces, adaptées à la fois aux publics francophones et anglophones.
Favoriser la compréhension interculturelle :
La recherche a révélé des interactions généralement positives entre les francophones et les anglophones et a souligné l’importance de favoriser des relations encore plus positives entre les deux groupes. Afin d’améliorer et d’enrichir davantage les interactions ainsi que de valoriser la dualité linguistique, l’étude a proposé des initiatives telles que des programmes d’échange jeunesse, des clubs sociaux et des programmes culturels faisant appel à des porte-parole influents comme des artistes, des enseignants et des chefs de file de la communauté. Favoriser des interactions semblables peut contribuer à bâtir des ponts et à réduire les idées erronées au Québec et ailleurs au Canada, afin de renforcer l’harmonie linguistique.
Conclusion
La recherche a confirmé que même si les mythes à propos des anglophones du Québec persistent, il est tout à fait possible d’améliorer leurs relations avec les francophones en faisant mieux connaître leur usage du français, leur intérêt pour la culture francophone et leurs interactions positives au quotidien. Le Commissariat comprend maintenant mieux les perceptions à l’égard du bilinguisme des anglophones du Québec et il se trouve mieux outillé pour promouvoir des politiques favorisant une meilleure compréhension interculturelle et un plus grand respect mutuel entre les communautés de langue officielle au Québec et au Canada.
“Les débats linguistiques vont inévitablement se poursuivre dans notre société. Mais la population québécoise, francophones comme anglophones, nous rappelle qu’il existe un fond de bonne volonté, un vivre ensemble qu’elle exprime au quotidien. Que l’on continue à se parler justifie, je crois, un optimisme prudent pour l’avenir des relations linguistiques au Québec et au Canada. C’est là, pour moi, le cœur de ce que confirme mon étude et ce dont nous devrions toujours nous rappeler, alors que nous faisons face à des tensions linguistiques au sein de la société.”
Raymond Théberge, Commissaire aux langues officielles du Canada (juillet 2024)
À propos du client
Le Commissariat aux langues officielles a pour mission de veiller à l’égalité du français et de l’anglais au sein des institutions fédérales. Il assure le maintien et l’épanouissement des communautés de langue officielle en situation minoritaire au Canada et œuvre à l’égalité du français et de l’anglais dans la société canadienne en tenant compte de la diversité des régimes linguistiques provinciaux et territoriaux. En valorisant la dualité linguistique, le Commissariat contribue à un Canada plus inclusif et harmonieux. Dans le cadre de cette étude, le Commissariat souhaitait apporter des éclaircissements et améliorer la compréhension de la population à l’égard de la situation des anglophones au Québec, en soulignant l’ampleur de leur bilinguisme et de leur apport au paysage culturel et linguistique du Québec et du Canada.
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